#Haute Couture, mode et maroquinerie National

De Barbie à Dune : le Method Dressing, nouveau nerf de la guerre d’Hollywood

Si les budgets colossaux, les prouesses d’effets spéciaux et les castings 5 étoiles font scintiller l’attractivité d’un film hollywoodien, le phénomène du Method Dressing est le véritable coup d’éclat de ses manœuvres marketing. 

La métamorphose au 7ème art, c’est changer sa nature pour laisser place à une nouvelle essence. En parallèle avec la mode, un vêtement peut contribuer à modifier notre apparence, de la silhouette à l’allure de déplacement. Au lendemain d’une grève à Hollywood qui a changé le cours du scénario de l’industrie, le cinéma fait sa mue, lui aussi. Ses actrices en tête de file, de Zendaya à Margot Robbie en passant par Jenna Ortega et Anya Taylor-Joy, se greffent à cette redéfinition du métier. 

Plus qu’une traditionnelle interprétation, ces professionnelles inscrites dans leur génération travaillent à la racine de chaque rôle, au plus près de l’essence du personnage. Dans cette quête de métamorphose, le costume s’apparente à une seconde peau, étape cruciale de cette transformation artistique. Focus sur ce sens de la performance qui résonne sous le nom de Method Dressing, ou l’art d’incarner son personnage, l’ultime ambition créative de l’industrie du 7ème art au service d’une promotion massive. 

Zendaya par Law Roach pour la saga Dune : des performances Haute Couture venues d’ailleurs

En 2021, Zendaya décroche le rôle de science-fiction de sa vie. Dans le remake de Dune par Denis Villeneuve, l’étoile montante d’Hollywood prête ses traits à Chani, guerrière du désert d’Arrakis, tendre en amour et redoutable en combat, aussi vive que l’épice régnant sur la planète sablée. Pour la promotion du premier film, l’actrice s'élançait sur le chic tapis rouge de la Mostra de Venise dans une robe Balmain sculpturale effet mouillé, couleur sable, qui rappelait le mouvement du foulard de la princesse galactique, calqué sur le sillage du désert. Un moment de mode qui a autant conquis la planète fashion que les enthousiastes de la saga. En parfaite actrice solidement imprégnée de son personnage, Zendaya fait vibrer Chani à plusieurs années lumières de sa planète, sur un red carpet au paroxysme du glamour, là où science-fiction et réalité coexistent. 

©Dave Benett

Trois ans plus tard, Dune revient pour un deuxième volet et Denis Villeneuve voit les choses en grand. Sa tournée promotionnelle bat son plein, Zendaya en est l’icône de mode en tête d’affiche. Lorsqu’elle apparaît, l'actrice n’est plus l’interprète mais bien l’ambassadrice de son personnage. Par le prisme de la mode et des époustouflantes créations Haute Couture soigneusement dénichées par Law Roach, son styliste de toujours, Zendaya créé l’évènement. Sur les photocalls qui métamorphosent Londres, Paris, New-York ou encore Mexico City en coucher de soleil d’Arrakis, la star s’élance. Lovée d’un ensemble sur-mesure à gaine en cuir poli Bottega Veneta, en une cascade de tissus enroulés aux tons organiques signée Torishéju, ou encore, dans l’iconique combinaison robotique imaginée par Thierry Mugler en 1995… Entre archives cosmiques et prouesses stylistiques venues d’ailleurs, Zendaya suspend le temps, casse Internet et initie une vague d’engouement autour du blockbuster événement. 

Margot Robbie par Andrew Mukamal pour Barbie : le dressing de l’immortelle poupée Mattel

2023, le blockbuster le plus girly et engagé de l’année nous fait voir la vie en rose. Dans la plastique de la seule et unique Barbie, Margot Robbie livre une performance à couper le souffle. Si l’opus de la géniale Greta Gerwig dépasse le milliard de recettes, l’actrice australienne détient l’ingrédient magique pour une promotion aux petits oignons. Sur le pink carpet, Margot Robbie est Barbie, et fait sensation dans des looks custom par les plus grandes Maisons de luxe, de Chanel à Schiaparelli en passant par Versace, qui reproduisent les tenues iconiques de la poupée Mattel. Avec l’expertise mode bien aiguisée de son styliste Andrew Mukamal, l’actrice devient l’ambassadrice d’un Barbiecore adulé aux quatre coins du monde. À travers 65 ans de mode issus du Barbie World, Margot Robbie fait vibrer les archives de la poupée, des années 1950 aux nineties. Un travail intime avec l’héritage de cette icône de la pop culture, qui s’offre un nouveau souffle par le prisme de la Haute Couture. 

Les enfants de 1961 qui ont autrefois joué avec la Barbie Solo in the spotlight découvrent près de 60 ans plus tard, Margot Robbie, sa reproduction grandeur nature portant l’iconique robe fourreau noire scintillante signée Schiaparelli. La ressemblance est troublante et le moment de mode est réussi. L’actrice emploie presque le cosplay, une pratique culturelle japonaise qui consiste à reproduire à l’identique un personnage de fiction. Le phénomène résonne donc parfaitement en Asie, la preuve à Séoul, avec une avant-première sensationnelle où des milliers de fans ont acclamé la star du blockbuster lovée dans une jupe tailleur rose vif Versace, reprenant parfaitement le double look Barbie Day to Night de 1984. Un sens du détail minutieusement travaillé par son styliste Andrew Mukamal, qui accessoirise sa muse d’un téléphone portable à strass et du fameux chapeau fedora immaculé. Pour mythifier ces exploits créatifs, un livre Barbie : the World Tour assemble chaque look détaillé en image, articulé autour de notes et croquis des créateurs qui y ont contribué, de Daniel Roseberry à Donatella Versace.  

Une pratique stratégique devenue must-do des productions à gros budgets

On l’aura compris, le Method Dressing s’apprend et s’excelle dans l’école du 7ème art, où mode et pop culture semblent joindre les forces pour promouvoir une œuvre sur tous les leviers de communication. Succès Netflix à la réception sensationnelle auprès des enthousiastes du Tudum, la série Mercredi doit son aura magnétique aux looks gothiques de Jenna Ortega, l’interprète du rôle-titre. 

©Don Arnold

Plus récemment encore, l’actrice angélique Anya Taylor-Joy a monté les marches du Festival de Cannes pour présenter Furiosa, nouvel opus tiré de l’imaginaire Mad Max. Bustier statuesque Balmain façon ferraille, robe custom Ludovic de Saint Sernin qui reprend les pneus des engins culte de la saga, et archive Rabanne à picots faisant écho au mécanisme des machines... Les looks à thème d’Anya Taylor-Joy jouent un rôle moteur dans la promotion de Furiosa.


Pour certains, le Method Dressing s’apparente à une soirée costumée sur red carpet, pour d’autres, c’est un pont artistique pertinent entre chefs d’œuvres cinématographiques et stylistiques. Cependant, on se demande si une ultime mise en scène pensée comme subtil clin d’œil n’est pas devenue un cliché à likes prévisible empreint d’opulence. Est-ce que, une fois le tournage terminé, un film ne doit appartenir qu’au spectateur, où l’incarnation réelle de son personnage par son interprète permet d’inclure davantage le public dans la trame du scénario ? À méditer.

 

Écrit par Téa Antonietti

DEMANDE DE DOCUMENTATION

ISG Luxury Management enregistre et traite les données personnelles fournies par vous afin de vous donner accès à la documentation demandée et de vous contacter pour discuter de celle-ci. En vertu de la Loi Informatique et Libertés et du RGPD, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, de suppression et d'opposition. Vous pouvez exercer ce droit auprès de notre DPO : dpo@ionis-group.com. Pour plus d'informations, nous vous invitons à consulter notre Politique de confidentialité.