À peine 2024 entame son troisième mois, que la sphère mode a chargé l’année de moments fashion hauts en couleurs. En l’espace de 8 jours, la capitale de la mode a accueilli 103 défilés, rien que ça. Avec une rythmique d’environ 12 défilés par jour, localisés aux quatre coins de Paris, avec un trafic embrasé de foules enthousiastes, cherchant à croiser le regard de méga stars encadrées par gardes du corps et paparazzi, la fashion week est officiellement sportive. Comme un échauffement chic aux JO de Paris imminents, la sphère mode a livré une myriade de shows sensationnels, entre premières fois captivantes et anniversaires émouvants.
Alors qu’il y a quelques jours, Dries Van Noten annonçait quitter la Maison éponyme, la créatrice Chemena Kamali saluait les invités de son tout premier défilé Chloé, et Nicolas Ghesquière soufflait 10 bougies de luxe chez Louis Vuitton. Au même moment, une septuagénaire ouvrait le show Miu Miu, l’interprète de Bree Van de Kamp défilait en robe de gala scintillante chez Vetements, puis, le duo amoureux cinématographique formé par Brad Pitt et Penelope Cruz lançait les silhouettes Chanel sur grand écran.
S’en est suivie une fièvre de sosies, qui n’a pas manqué de donner chaud aux invités, troublés. Chez Marine Serre, une silhouette qui avait tout l’air de Kate Moss - mais ne l’était pas - a enflammé la toile. Plus frappant encore, on a cru voir défiler un Yves Saint Laurent de 20 ans, chez Saint Laurent. On l’aura compris, la semaine de la mode parisienne engendre des moments mode mémorables, et la quête de l’effet “wow” instagrammable chez certaines Maisons en a inspiré d’autres, comme The Row, qui, en bannissant les téléphones, en a pris le contrepied. Voici les 3 temps forts de cette fashion week automne-hiver 2024.
Nommée directrice artistique de la Maison Chloé en octobre dernier, Chemena Kamali a 42 ans, deux enfants, et désormais, son job de rêve. Si elle a travaillé sous l’aile de Phoebe Philo et Claire Waight Keller dans le passé, lorsque le rôle de directrice artistique lui est attribué, c’est bien plus loin dans l’ADN de Chloé que la créatrice est allée puiser son inspiration. Pour son tout premier défilé, Chemena Kamali offre à la Maison un voyage dans le temps. En immersion seventies de l’époque de Karl Lagerfeld chez Chloé, l’allure effortless chic des silhouettes se noue avec des accents bohèmes aériens.
Résolument chic, un imper réinventé en cuir glacé aux découpes audacieuses, décliné en brun, vert bouteille et kaki, a certainement su capter les regards. Même fascination pour les longues robes vaporeuses en mousseline transparente et couleurs organiques, ambassadrices d’une sensualité libérée. Chez Chloé, Chemena Kamali marquait aussi le retour de l’accessoire, avec une boucle de ceinture imposante et des serre-têtes en velours, propices à une élégance relaxante. La femme Chloé a plus que jamais regagné son identité, et la transpose à une allure cool, dépoussiérée.
Il y a onze ans, Sébastien Meyer et Arnaud Vaillant, duo aussi créatif que romantique, fondent Coperni, une griffe mode tournée vers le futur. D’un chic linéaire et d’une technique millimétrée, les directeurs artistiques imaginent les silhouettes Coperni comme ils façonneraient un origami. Après un buzz fashion mémorable provoqué par une robe sprayée sur Bella Hadid, c’est un monolithe qui s’est posé au cœur du plus grand studio d’Europe, pour y laisser défiler des silhouettes venues d’ailleurs. Trench-coat en body, combinaison immaculée en fibre technique transparente, chemise à sequins holographiques, la femme Coperni est dotée d’une sensualitée raffinée aux accents futuristes minimalistes.
Côté accessoires, l’innovation était une fois encore au service du style. Des escarpins à forme d’étoiles nous donnent l’impression de marcher sur la Lune, tandis que les it-bags sont conservés dans des pochettes sous vide, conditionnés à un éventuel voyage dans l’espace. La dernière technologie fashion captivante par Coperni ? Une édition de son sac star Swipe, composé à 99% d’air, rien que ça. Avec 1% d’aérogel de silice, soit le composant solide le plus léger du monde, si le it-bag ne fait que 33 grammes, le porter est une lourde responsabilité.
Parce qu’une décennie de mode au sein du matelier français le plus emblématique, ça se fête, Nicolas Ghesquière a présenté une collection très spéciale, le 5 mars 2024, dans la Cour Carrée du Louvre. Qu’est-ce que l’on célébrait ? Le 5 mars 2014, il y a 10 ans jour pour jour, le directeur artistique de Louis Vuitton y faisait défiler ses premières silhouettes de prêt-à-porter féminin, sous le sigle de la griffe à damiers. Un défilé événement qui clôturait en beauté cette fashion week forte de moments mode. Après 10 années de création, l’émotion est à son paroxysme. Avec en toile de fond, un décor moderniste signé Philippe Parreno et James Chinlund, les silhouettes héritage sont aussi futuristes que baroques, caractéristiques de l’ADN Louis Vuitton, façonné par Nicolas Ghesquière.
Des pièces hybrides, ambassadrices d’un chic cosmique aux accents sportswear, adressent une révérence à la dualité créative du designer. Les volumes graphiques, à imprimé malles logotypées, rappellent une obsession au monogramme LV, alimentée à travers les années. Enfin, des bonnets oreilles de chat, clin d'œil au Pussy Hat des braves Américaines en contestation d’une misogynie Trumpiste, affirment les messages politiques que le directeur artistique retranscrit dans sa mode. Alors que parmi les invités, les employés de la Maison étaient conviés pour la première fois au défilé, aux côtés de Cate Blanchett et Léa Seydoux, sur le podium, le casting était lui aussi spécial. HoYeon Jung, actrice sud-coréenne révélée dans “Squid Game” et ambassadrice de la Maison, ouvrait le défilé, suivie de Mica Argañaraz et de Rianne van Rompaey, qui clôturait le show, après l’avoir ouvert 10 ans auparavant. Un anniversaire plus que symbolique, qui a honoré l’esthétique visionnaire de Nicolas Ghesquière, ainsi que chaque personne ayant contribué à la propager.