L'ISG Luxury Management a organisé cette année la première édition des Green Days dédiée aux enjeux et perspectives de la durabilité dans les secteurs du luxe et de la mode.

Cet événement est l'occasion d'inviter nos alumnis engagés autour de ces enjeux. Nous avons ainsi rencontré Louise Drouhet, étudiante du MBA du programme Moda Domani de l'ISG, promotion 2019. Il y a deux ans, lors de son projet de fin d'études, elle créé la marque Soubacq.

Portrait d'une alumni entrepreneure, engagée qui revient avec nous sur son parcours et son engagement éco-responsable. 

Comment est naît la marque Soubacq? 

Soubacq s’est né de mon projet de fin d’études. Mon but était de créer la marque la plus parfaite possible et cela comprenait les enjeux environnementaux et esthétiques car selon moi, peu de marques écoresponsables prennent en compte l’aspect désirable du produit.

Je peux également souligner que c’est Christian Poulot (Directeur des études International Luxury de l'ISG) ainsi que toutes les personnes qui m’ont accompagné pendant ce projet qui m’ont permis de me lancer, qui m’ont poussé à le faire parce qu’il y avait une réelle prise de risques. J’avais envie de le faire et le fait d’avoir des encouragements ça m’a permis aussi de me lancer et d’être plus confiante dans l’aventure entrepreneuriale.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre projet de mode responsable qui repose sur l'up-cycling?

Chez Soubacq on réinvente le bleu de travail. Nous lui donnons un aspect différent à chaque fois en récupérant les fins de rouleaux des maisons de luxe. L’objectif est d’avoir une même pièce mais déclinée à l’infini en fonction des matières que nous allons réutiliser, toutes fabriquées à Paris dans notre atelier. L’objectif final c’est d’avoir un impact environnemental le plus noble possible, d’avoir une belle pièce en édition limitée qui va à tout le monde puisque c’est un bleu de travail unisexe.

Nous avons structuré pendant un an et demi toutes les données pour Soubacq, nous avons fait une première année à 100 000 € donc c’était une belle première année. Nous avons accéléré et doublé notre chiffre d’affaires au cours de la deuxième année. Nous souhaitons pour 2022, se développer dans les boutiques, avoir plus de revendeurs,  s’internationaliser et fidéliser encore plus notre clientèle. Nous souhaitons créer une vraie adhésion autour de la marque, de fidéliser et d’entretenir cette communauté qui s’est créée pendant deux ans.

Quel regard portez-vous sur l'industrie du textile? Quels sont les grands enjeux de ce secteur pour demain?

On parle beaucoup de "greenwashing" des grandes maisons mais cela permet finalement d’atteindre un public qui n’est pas forcément conscient de toutes ces problématiques environnementales. Nous pouvons ainsi diffuser un message au plus grand nombre. Les maisons de luxe ont leur rôle à jouer pour revenir à une définition du luxe plus originel sur le principe de rareté et de bons produits afin de revenir à une consommation et à une production raisonnable.

L'enjeu principal, finalement, est la consommation qui représente le point d’entrée aux dérives que nous connaissons aujourd’hui.

Pourquoi il est important pour vous, d'échanger sur ces sujets avec les étudiants de l'ISG Luxury Management, professionnels de demain ?

Je pense qu'il est important aujourd'hui pour moi d’échanger avec les étudiants. Moi-même ayant été étudiante, j’ai été contente d’avoir cet accompagnement, d’avoir pleins de points de vue différents et des expériences qui puissent m’inspirer et structurer mon projet de vie.

Ce sont aussi les acteurs de demain donc il est important de leur faire prendre conscience de l’impact environnemental, de l’industrie dans laquelle ils vont travailler. On dit souvent que les maisons de luxe sont déconnectées de la réalité, on a des directeurs artistiques qui ont très peu conscience des enjeux environnementaux et produisent de très belles choses sans prendre en compte cet aspect. Les étudiants seront amenés à travailler dans ces maisons-là a priori demain et c’est important qu’ils puissent inculquer eux aussi ces valeurs-là dans les maisons et de faire évoluer les choses.

Pour ma part, j’ai fait une licence de sciences politiques et économie avec des cours d’économie sociale et solidaire ce qui m'a permis de me rendre compte des enjeux de la société et du monde dans lequel on vit. Par la suite, je suis arrivée en MBA et j'ai ressenti un décalage entre ceux et celles qui souhaitaient travailler dans les grandes maisons et moi qui souhaitait trouver un sens à ce que je faisais et me sentir utile. J'ai eu un cours justement de sustainable luxury (programe Moda Domani) qui m’a permis d’assouvir ce besoin-là, de trouver du sens dans ce que je faisais et qui alliait ma passion et mes engagements.

Je pense que c’est bien aujourd’hui de proposer ce genre de conférences pour inspirer et créer des vocations pour les personnes qui n’ont pas encore trouvé leur voie, qui ont besoin de trouver du sens dans leur travail. Dans une industrie comme celle du luxe, c’est important de faire prendre conscience de ces enjeux et de murir ces vocations.

Quels conseils souhaitez-vous donner à nos étudiants qui souhaitent se lancer dans l'aventure entrepreneuriale?

Ne pas avoir peur de se lancer et prendre le risque!